Les conceptions de l’antiquité classique distinguent plusieurs âges de la vie dont la jeunesse symbolise souvent l’innocence. Le jeune homme chez les Grecs est l’éphèbe, les jeunes femmes doivent passer le rite d’initiation de l’ourse dans le sanctuaire d’Artémis. Les Romains ont des termes plus précis : infans désigne l’enfant en bas âge qui ne parle pas, puer ou puella désignent le petit garçon ou la petite fille de 7 à 17 ans et liberi correspond aux jeunes par rapport aux parents.
La perception de la jeunesse comme âge distinct à la fois des adultes et des enfants[évasif]n’existe pas au Moyen Âge mais existe comme statut social : le terme latin juvenis (joven en langue vernaculaire) correspond au jeune non marié. L’individu passe directement de l’enfance à l’âge adulte, comme Bertrand du Guesclin qui participe à un tournoi dès l’âge de 15 ans. Guillaume le Maréchal est considéré comme jeune jusqu’à ce qu’il se marie à quarante ans. Certaines villes créent des « abbayes de jeunesse » assurant une formation militaire avant l’entrée de ces jeunes dans les compagnies bourgeoises de gardes (arbalétriers, archers, canonniers), les autorités municipales leur délégant souvent l’organisation des manifestations folkloriques, carnavals et charivaris.
Pour Philippe Ariès la société évolue en même temps que les mentalités. Sa thèse repose sur deux idées : l’attachement des parents pour leurs enfants est né réellement avec le contrôle des naissances et la baisse de la fécondité, soit à partir de la fin du XVIIIe siècle ; avant l’enfant n’est qu’un adulte en devenir. La forte mortalité empêche une attention trop importante des adultes. La perception par la société de la spécificité de la jeunesse est un long cheminement qui va du XVIIIe siècle à nos jours, la notion d’adolescence et les lois encadrant le travail des enfants (jusqu’à cette période, ce travail fait partie de l’univers culturel normal de la société) n’apparaissant qu’au XIXe siècle,[réf. obsolète].
Au XIXe et XXe siècles, les médias évoquent certaines « bandes de jeunes » (Apaches, Blousons noirs) comme une menace pour la sécurité publique, soulignant que cette menace a tendance à disparaître lorsque le jeune se marie et accède au monde du travail9[Interprétation personnelle ?].
Pour Isidore Isou, auteur de Traité d’économie nucléaire : Le Soulèvement de la jeunesse (paru en 1949) la jeunesse représente la seule force dynamique et révolutionnaire apte à agir sur le circuit économique par la manifestation de la « créativité pure » (inventions et découvertes dans la théorie et la pratique) ou la « créativité détournée » (guerres, destructions des richesses, etc.). Sa pénétration harmonieuse à l’intérieur du circuit s’accomplira par la mise en œuvre d’un ensemble de mesures regroupées sous le terme de « protégisme juventiste » : réduction des années d’école, crédit de lancement en faveur des jeunes, planification intégrale, rotation aux postes de responsabilité.
En France
La loi interdisant le travail des enfants de moins de 8 ans date de 21 mars 1841, inspirée des travaux de Louis-René Villermé. Les lois Jules Ferry de 1881 et 1882 rendent l’instruction primaire obligatoire pour les garçons et filles âgés de 6 à 13 ans. L’école publique est gratuite et laïque10.
Avant cette date l’enseignement aux enfants dépend de l’enseignement catholique, depuis l’instauration des institutions jésuites au XVIIe siècle, pour les jeunes aristocrates et bourgeois et des frères des écoles chrétiennes pour les enfants plus modestes. Mais ces écoles ne concernent qu’une minorité d’enfants.
La préoccupation politique de l’encadrement des jeunes hors du temps scolaire date des premiers patronages à la suite des lois Ferry.
La première auberge de jeunesse est créée par Henri Sannier en 1931.
Le premier secrétaire d’État chargé de la Jeunesse est Léo Lagrange en 1936 avec le Front populaire.
L’organisation moderne de l’enfance inadaptée date de 1943 sous Vichy. L’Ordonnance de 1945 reprenant l’organisation prévue par Vichy et surtout faisant de l’éducation la pratique normale du traitement de la délinquance des mineurs. Le métier d’éducateur spécialisé date de cette époque. L’éducation populaire, comme mouvement de prise charge des jeunes adultes par eux-mêmes au sein des maisons des jeunes et de la culture est également promue à la Libération.
Parmi les textes adressés à la jeunesse qui ont marqué l’histoire, on peut citer Lettre à la jeunesse, où l’écrivain Émile Zola, s’inquiétant des manifestations antisémites de certains jeunes français dans l’Affaire Dreyfus, s’adresse à eux à travers ce message d’espoir, en concluant : « Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ? Nous allons à l’humanité, à la vérité, à la justice ! »